Dans un monde qui se tourne davantage vers le naturel, les plantes médicinales ont connu un regain d’intérêt ces dernières années. Considérées comme des alternatives aux médicaments de synthèse, elles sont souvent perçues comme plus sûres et plus douces pour l’organisme. Cependant, cette perception parfois « idyllique » des plantes médicinales soulève une question cruciale : quelle est leur balance « bénéfices/risques » pour la santé ?
Les plantes médicinales vues par les sciences
Les plantes médicinales sont utilisées depuis des millénaires dans toutes les cultures du monde. Leur efficacité est souvent prouvée par une longue tradition d’usage et, dans certains cas, par des études scientifiques modernes. Bien qu’elles suscitent un grand intérêt, les plantes médicinales ne sont encore que trop peu étudiées par les laboratoires. Le nombre d’études chez l’Homme reste par ailleurs très limité alors qu’il est nécessaire d’avoir réalisé des études cliniques pour confirmer le potentiel effet thérapeutique d’une substance.
De nombreuses plantes possèdent des propriétés thérapeutiques relativement bien documentées. Par exemple, le Millepertuis (Hypericum perforatum) qui est reconnu pour ses effets bénéfiques sur les troubles légers de l’humeur, notamment la dépression légère à modérée (mais qui, nous le verrons plus bas, peut avoir des effets négatifs sur certains médicaments). Le Ginkgo biloba qui est souvent utilisé pour améliorer la circulation sanguine et la mémoire, ou encore le Curcuma (Curcuma longa) est largement utilisé pour ses vertus anti-inflammatoires. La plante médicinale la plus étudiée par les sciences est sans conteste le thé vert. Bien qu’utilisé comme boisson de confort, il était autrefois également utilisé pour ses propriétés médicinales.
Lorsqu’elles sont comparées aux médicaments de synthèse, les plantes médicinales sont souvent perçues comme ayant moins d’effets secondaires. Leur utilisation est particulièrement appréciée pour les affections mineures et chroniques où l’objectif est de minimiser l’exposition à des traitements plus agressifs. Elles sont généralement faciles d’accès, que ce soit sous forme de tisanes, d’huiles essentielles, ou de compléments alimentaires, ce qui encourage la population à les utiliser en premier recours avant une consultation chez le médecin. A cela s’ajoute leur coût, qui est souvent inférieur à celui des médicaments pharmaceutiques, ce qui en fait une option attrayante pour de nombreuses personnes.
Dans certains cas, les plantes médicinales peuvent être utilisées en complément de traitements conventionnels pour améliorer leur efficacité ou pour atténuer certains effets secondaires. C’est ce qui est observé par exemple en médecine chinoise qui allie remèdes traditionnels et médecine conventionnelle. Par exemple, la camomille peut être utilisée pour apaiser l’anxiété légère, complémentant ainsi d’autres approches thérapeutiques.
Quand les plantes médicinales et la santé ne font pas bon ménage
L’utilisation des plantes médicinales n’est pas sans risque. Il est essentiel de prendre en compte plusieurs facteurs avant de se tourner vers ces remèdes naturels.
Car certaines plantes, bien que « naturelles », peuvent être toxiques. C’est le cas du muguet qui est hautement toxique et peut provoquer des troubles cardiaques graves. De même, l’utilisation prolongée de réglisse peut entraîner une hypertension artérielle. La sauge est une plante médicinale qui elle aussi présente des risques pour les personnes épileptiques. Dans d’autres cas, la consommation de certaines plantes peut elle aussi s’avérer dangereuse pour l’organisme : en effet, la consommation de tisane de Moringa oleifera ou de carambole (Averrhoa carambola) sont contre-indiquées et particulièrement dangereuses pour les personnes souffrant de pathologies rénales.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « naturel » ne signifie pas toujours « sans danger ».
Les plantes médicinales peuvent interagir avec des médicaments conventionnels, parfois avec des conséquences graves. Le Millepertuis, par exemple, est connu pour interférer avec des traitements tels que les anticoagulants, les contraceptifs oraux et les antidépresseurs, réduisant leur efficacité ou augmentant le risque d’effets indésirables.
Contrairement aux médicaments, les compléments à base de plantes et les plantes médicinales ne sont pas toujours soumis aux mêmes normes de régulation.
Par exemple, dans certaines régions, la vente de préparation pour tisane est effectuée en dehors des pharmacies pour des raisons culturelles. Cependant, cette situation permet à des personnes qui ne sont ni pharmaciennes ni tradipraticiennes de vendre des plantes médicinales. Sans identification formelle de la plante et sans connaissance poussée du contexte pathologique de chaque personne, cette pratique peut s’avérer dangereuse.
Lorsque des personnes s’aventurent à utiliser des plantes médicinales qu’elles ne connaissent pas pour se soigner, cela peut entraîner des erreurs de dosage ou des utilisations inappropriées. Dans manière générale, sans les conseils d’un professionnel de santé, le risque de mauvaise utilisation est particulièrement élevé. De plus, certaines plantes nécessitent des précautions particulières lorsque le patient présente une ou plusieurs pathologies chroniques.
Comment Utiliser les Plantes Médicinales en Toute Sécurité ?
Voici nos quelques conseils pour bénéficier des bienfaits des plantes médicinales tout en minimisant les risques :
- Consulter un professionnel de la santé : Avant d’utiliser des plantes médicinales, il est conseillé de consulter un médecin ou un pharmacien, surtout si vous suivez déjà un traitement médicamenteux ou si vous avez des conditions médicales préexistantes. N’hésitez pas à parler de votre consommation de tisanes/ plantes médicinales à votre médecin : il ne faut pas se sentir gêné et cela va lui permettre de vérifier qu’il n’y a pas de risque d’interaction médicamenteuse.
- Privilégier des sources fiables : Optez pour des produits certifiés (par exemple « zerbazpéi »), de préférence recommandés par des professionnels de la santé ou provenant de tisaneurs reconnus.
- Se former et s’informer : Apprenez à connaître les plantes que vous souhaitez utiliser, leurs effets, leurs contre-indications et les dosages recommandés. Il existe de nombreuses ressources fiables, comme les livres spécialisés, ou encore des formations comme celles que nous proposons chez Woundi.
- Éviter l’auto-médication prolongée : Même si vous êtes tenté d’utiliser des plantes médicinales pour traiter des affections chroniques, faites-le sous supervision médicale pour éviter les effets indésirables à long terme. En général, il ne faut pas dépasser une cure de deux semaines, mais pour les personnes souffrants d’épilepsie, de pathologies rénales, hépatiques ou cardiovasculaires la cure de tisane est peut-être plus courte voire proscrite.
Nos plantes médicinales offrent de nombreuses possibilités pour améliorer notre bien-être et notre santé au quotidien. Elles incarnent un retour aux sources, à des pratiques de soin plus douces et plus en harmonie avec la nature. Cependant, il est crucial de les utiliser avec discernement. Une plante, tout aussi « bénéfique » soit-elle, peut devenir dangereuse si elle est mal employée. La clé réside dans l’équilibre : utiliser les plantes médicinales de manière informée, tout en gardant à l’esprit que la nature, bien que généreuse, nécessite toujours notre respect et notre prudence.
